Alternance : vers un nouveau record de contrats d'apprentissage

Alors que l’apprentissage pourrait encore battre des records, son explosion a déjà bouleversé en profondeur l’enseignement supérieur.

Alternance : vers un nouveau record de contrats d'apprentissage

    Mi-décembre, le ministère en charge du Travail comptabilisait 650 000 contrats d’apprentissage signés. Une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente, déjà historique, motivée par divers facteurs.

    À commencer par l'image totalement renouvelée de ce modèle. Longtemps associée aux métiers préparés en lycées professionnels (CAP, BEP et Bac Pro) ou à des professions manuelles trop souvent dévalorisées, cette réputation semble désormais bien loin…

    D'autre part, la réforme de 2018 a marqué un tournant, en facilitant et libéralisant les conditions d'entrée dans l'apprentissage. L'explosion s'explique enfin de manière conjoncturelle, avec la mise en place de mesures de soutien très incitatives pour ce type d'embauche (5 000 euros pour le recrutement d'un apprenti mineur, 8 000 euros pour un majeur). Une nouvelle fois prolongées, les aides courront au minimum jusqu'au 30 juin 2022.

    Culture d’alternance

    Bien que ces aides soient temporaires, leurs effets pourraient s'inscrire dans la durée, prévoit Erwan Poiraud, directeur de PPA Business School : « Beaucoup d'entreprises se sont acculturées à l'apprentissage. Elles ont découvert son fonctionnement et ses atouts. »

    C’est le cas, en particulier, des petites et très petites entreprises (TPE), « qui ne disposent pas d’un service RH conséquent et qui craignaient la complexité d’un recrutement d’apprenti », explique-t-il. Aujourd’hui, plus des deux tiers des contrats sont signés en TPE. La fin des aides gouvernementales ne devrait pas réduire drastiquement le nombre de missions : « Une entreprise qui recourt à un apprenti renouvelle souvent l’expérience », se réjouit le directeur de PPA.

    Remise en question

    Cette croissance pose néanmoins question. Et si l'EM Strasbourg, école de management rattachée à l'université, a décidé d'ouvrir de nouvelles places en apprentissage à la rentrée prochaine, c'est de manière raisonnée : « L'alternance a des atouts contre lesquels on ne peut pas lutter », admet Charlotte Massa, directrice du Programme Grande école de l'EM Strasbourg. À commencer par la gratuité de l'enseignement, une rémunération et le plein d'expérience professionnelle pour l'étudiant.

    Le modèle remet cependant en cause la variété des activités proposées (et vendues) par les écoles depuis longtemps : « En apprentissage, vous ne pouvez pas vous investir dans un parcours associatif ni partir une année à l’étranger », regrette Charlotte Massa. Des points pourtant devenus essentiels dans une vie étudiante. Sans même parler des vacances, drastiquement réduites pour les alternants ! « Notre idée n’est pas de dire que l’alternance est la meilleure option, mais qu’elle en est une parmi d’autres, et très exigeante. » L’EM Strasbourg réserve ainsi les places en apprentissage à des profils « dont nous estimons qu’ils collent bien à ce fonctionnement et qui ont des perspectives professionnelles assez précises », indique-t-elle.

    Stages ou alternance : deux classes d'étudiants ?

    S’il loue de longue date les vertus de l’apprentissage pour le développement des compétences et l’ouverture sociale, Frédéric Ducrocq, directeur associé de Jobmania, agence de recrutement spécialisée dans les stages, alternances et jobs étudiants, pointe le déséquilibre grandissant entre stagiaires et alternants. « Tandis que l’alternance est mise sur un piédestal, les stages sont sous-valorisés. Cet écart doit nous interpeller. Il faudrait éviter de créer deux classes d’étudiants », met-il en garde.

    Alignement par le haut

    Pour lui, les aides actuelles contribuent à brouiller le coût réel d’une embauche. « Dans certaines branches [le montant du coût par contrat est défini au sein de chaque branche professionnelle, ndlr], un apprenti peut finalement coûter autant que certains de vos collaborateurs, pour une présence à 50 ou 60 % du temps en moyenne », détaille Frédéric Ducrocq.

    Celui-ci plaide pour un alignement « par le haut » des différents contrats étudiants, à savoir en revalorisant les stages, au moins ceux à bac +4/5. « Le cœur du marché se situe à mon sens entre 800 et 900 euros mensuels », estime le directeur de Jobmania, quand la gratification minimale d’un stage est aujourd’hui de 600 euros.

    Autre écueil à éviter pour un développement raisonnable, la hausse des frais de scolarité. Le financement du modèle repose sur les Opco (opérateurs de compétences), les entreprises, et non plus sur les familles. L’augmentation du tarif peut donc s’avérer tentante.

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