Coronavirus : comment les universités et grandes écoles s’organisent

Face à l’épidémie de Coronavirus certaines universités et grandes écoles annulent des cours ou échanges et organisent les cours à distance. Voici les 4 défis des établissements de formation.

Coronavirus : comment les universités et grandes écoles s’organisent

    Alors qu’en Italie ou en Grèce tous les établissements ferment leurs portes pour réagir avec force face à une épidémie brutale, en France seuls quelques établissements ont pris des mesures. Les étudiants et les plus jeunes ne sont pas les plus menacés directement par le virus mais ils peuvent sans doute en être le vecteur... vers des personnes plus fragiles.

    Voici les 4 défis des établissements de formation face au virus Covid-19.

    1. Fermeture généralisée décidée par Emamnuel Macron

    Jusqu’au 12 mars, plusieurs cas d’élèves ou professeurs contaminés ont été révélés mais avec des décisions différentes de fermeture de classe ou totale. Le Premier ministre avait annoncé la fermeture de toutes les crèches, écoles maternelles, collèges et lycées de l’Oise et du Haut-Rhin, deux départements très fortement impactés par le coronavirus pour une durée de 15 jours. Mais ailleurs les décisions se prenaient au cas par cas : par exemple les écoles du Val-d’Oise touchées n’étaient pas systématiquement fermées.

    En Corse l'ensemble des établissements scolaires (écoles, collèges, lycées universités) avaient aussi été fermés jusqu'au 29 mars, Ajaccio étant considérée comme un "cluster" où circule le coronavirus.

    Marc Mézard, directeur de l'Ecole normale supérieure, « a fait l'objet d'un dépistage positif », a déclaré l'établissement dans un communiqué. « Il restera confiné le temps nécessaire afin d'éviter toute potentielle contamination, mais continue de diriger l'Ecole à distance », précise l'ENS.

    A La Sorbonne à Paris : un enseignant a été dépisté positif, le président de la Sorbonne a décidé de fermer l’ensemble du campus de Tolbiac dans le 13e arrondissement. Tout le campus de Tolbiac (XIIIe) est fermé depuis ce jeudi matin le jeudi 12 mars. Près de 10 000 étudiants sont privés de cours. Plus d’infos ici.

    Annonce historique du jeudi 12 mars.

    Mettant fin à cette stratégie de confinement ou fermeture localisée, à 20h le président Emmanuel Macron, a annoncé une série de mesure dont la fermeture globale de toutes les écoles, collèges et universités. Cette annonce est arrivée contre toute attente, alors que les Ministres (Madame Vidal et Monsieur Blanquer) répétaient en boucle que ce n'était pas une solution envisagée, le président à tranché ! Pour éviter la diffusion via les enfants élèves et étudiants, les 12 millions d'étudiants en France devront rester à la maison.

    Plus d'informations et les questions soulevées par cette annonce ici

    Les étudiants en médecine peuvent faire partie de la réserve de bénévoles pour renforcer les moyens des hôpitaux.

    2. Contrôler les flux d'élèves de retour d'échange : confinement, quatorzaine

    De nombreux élèves voyagent en échanges universitaires ou pédagogiques. Le casse tête est de repérer le flux d'étudiants entrant ou sortant pour les conseiller au mieux sur le fait de rester ou pas chez eux. Dès fin février, dans l'Oise, la direction de l'Université de technologie de Compiègne (UTC) a pris ses précautions. Le 13 février, elle avait ainsi suspendu les déplacements des élèves et de son personnel vers la Chine et sur le trajet inverse. Les élèves revenus de Chine ont été contactés avant leur retour et prié de rester isolés pendant 14 jours - mais les consignes sont difficilement contrôlables et certains étudiants ne les ont pas suivis...

    Pour partir de France, c’est le même problème : une centaine d’élèves de l’UTC qui devait partir à l’étranger a été priée de rester ici pour ce semestre. Ils ont été aidés pour retrouver des stages. « Tout est bien géré, on n’est pas inquiets », rassure Chloé, étudiante. « J’ai eu le temps d’arriver en Pologne pour mon semestre à l’étranger. Sauf que comme je viens de France, ils m’ont confinée ici », s’amuse Lison.

    L’université de Picardie qui a fermé ses sites de Creil et Beauvais et a suspendu « Toutes les missions à l’étranger, quels que soient les zones et pays, pour les personnels et les étudiants, à compter de ce jour et jusqu’à la fin de l’épidémie »

    HEC, ESCP, KEDGE, ESTP... toutes les grandes écoles ont des campus et étudiants à l’étranger et doivent gérer de nombreux flux d’étudiants.

    HEC a mis en place une cellule de suivi quotidien de ses étudiants, professeurs... pour adapter les mesures. L’

    ESCP Europe a par ailleurs fermé ses campus à Madrid et Milan.

    3. Annulation du Carnaval de Caen, journées portes ouvertes, soirées étudiantes...

    La période du mois de mars est très importante pour les établissements de formations pour ouvrir leurs portes au futurs étudiants alors que les inscriptions sur Parcoursup sont d'actualité. L'UTC et ses étudiants avaient annulé les journées portes ouvertes prévues fin février et qui devaient réunir 2 500 personnes. Même annulation de JPO pour l'Université Paris 13 ce samedi 7 mars. La soirée festive Compiègne en lumière, aussi organisée par une association estudiantine et qui devait se tenir dans tout le centre-ville a également été suspendue.

    Seuls les rassemblements de plus de 1000 personnes sont automatiquement annulés. De nombreux événements sont donc maintenus (journées portes ouvertes, festivals, conférences, soirées débats...) - il faut faire du cas par cas.

    Le Carnaval étudiant de Caen, qui devait avoir lieu le 4 avril, a été repoussé à une date ultérieure, et pour cause, ce carnaval est le plus important d'Europe, il avait rassemblé 24 000 personnes en 2019... difficile de pouvoir contrer la propagation du virus dans ces conditions.

    L'école GEM (Grenoble Ecole de Management) a annoncé l'annulation des 2 événements phares de la vie étudiante de l'école : le GEM Altigliss Challenge et le Festival de Géopolitique de Grenoble.

    4. Cours et examens à distance

    Après les blocages pendant les manifestations des gilets jaunes, les grèves dans les transport de décembre et janvier... tous les établissements sont maintenant obligés de s'organiser pour proposer leurs cours à distance - mais ce projet représente pour la plupart des établissements un gros projet et investissement.. Le Coronavirus n'est qu'une raison de plus de s'y mettre ou d'accélérer les plans de digitalisation des cours... alors que le second semestre démarre, la problématique des établissements ne concerne maintenant que les cours mais peut être bientôt les examens et concours d'entrée.

    Rennes School of Business a annoncé qu'à compter du lundi 23 mars 2020, ses 4 500 étudiants en formation initiale auront accès à distance à l'intégralité des cours afin d'assurer la continuité pédagogique jusqu'à la fin du semestre.

    L'Université de Corse a décidé de suspendre tous ses cours en présentiel : « Les activités pédagogiques en présentiel sont suspendues sur tous les sites de l’Université à partir du lundi 9 mars 2020 et ce jusqu’à nouvel ordre. [...] La poursuite des enseignements durant cette phase [se fera] via notre campus numérique (supports de cours, vidéo et podcast en ligne, mise en place de visio-conférence,…) [...] En raison du caractère mondial et imprévisible de cette épidémie, les stages internationaux (UE et Hors UE) sont suspendus ».

    Du côté d'HEC, même accélération sur la mise en ligne des cours pour favoriser les cours à distance, aussi l'école préfère prévenir qu'aucun étudiant ne sera pénalisé « tout étudiant qui ne souhaite pas se rendre physiquement en cours et préfère se mettre en quarantaine est autorisé à le faire, sans pénalités académiques. »

    Pour l'école GEM : tous les cours sont suspendus pour les campus de Grenoble et Paris jusqu'au 3 avril inclus. La reprise des enseignements se fera en ligne à partir du 6 avril.

    L’université de Strasbourg, elle, ne ferme pas totalement son campus : si chaque enseignant est invité à dispenser ses cours en utilisant ces ressources numériques, à envisager des examens alternatifs en cas d’impossibilité de valider un stage par exemple, l’université reste aussi un lieu de recherche. Ainsi Les activités des laboratoires se poursuivent, en concertation avec le CNRS et l’Inserm, car la recherche fait partie de la réponse face à une pandémie. Les laboratoires eux aussi sont invités à développer le télétravail là où le présentiel n’est pas indispensable. Pour les partiels et examens, les équipes pédagogiques vont élaborer dans les jours qui viennent des solutions alternatives afin de permettre aux étudiants de valider leur semestre.

    Concernant les examens et concours à venir, pour Dominique VIDAL, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, interrogée sur France Info le mercredi 11 mars : « Les concours et examens auront bien lieu en présentiel, il n’y a pas de raison pour le moment de les annuler » - les décisions se prendront au cas par cas de les annuler ou pas mais les conditions d’accueil et espacement des candidats peuvent permettre des examens écrits et oraux.

    Jean-Michel Blanquer Ministre de l'Education Nationale et de la jeunesse a précisé ce vendredi 13 mars que tous les scénarios étaient envisagés mais que pour le moment le Bac est maintenu.

    Cette crise pousse les écoles à innover jusque dans les modalités de passage des examens. Pour son concours d'entrée, l'École de management ESAM a annoncé que l'ensemble de ses épreuves écrites et orales seraient cette année exclusivement en ligne. 600 candidats sont concernés entre mars et juillet pour éviter leur déplacement et contamination des étudiants et professeurs. Un système de surveillance vidéo et audio permettra de contrôler les épreuves à distance.

    NEOMA Business School a aussi décidé de fermer ses 3 campus à Reims, Rouen et Paris pour faire suite aux annonces du chef de l’état. Les cours reprendront en ligne à partir du 23 mars, les examens seront également organisés à distance.

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