Etudiants martiens à la conquête de la planète rouge...

Projets fous, missions gadgets ou recherches scientifiques, les expériences de confinement pour simuler la vie sur Mars se multiplient.

Etudiants martiens à la conquête de la planète rouge...

    Devant leur rover, sous le soleil de plomb, ils posaient avant leur mission dans leur combinaison bleu et rouge, avec le sourire éclatant propre de jeunes pionniers. Alexander, Reinhard, Sebastian ont vécu l’enfer rouge. Ces membres de la mission autrichienne Amadee18 ont passé trois semaines à simuler la vie sur Mars, coupés de tout, en plein désert d’Oman.

    Pour Victoria Da-Poian, 22ans, étudiante de l'Isae-Supaero de Toulouse — là où Thomas Pesquet a fait ses classes. Le 17 février, cette élève ingénieur qui rêve d'intégrer le corps européen des astronautes, est partie s'isoler elle aussi mais dans un autre désert : celui de l'Utah (ouest des Etats-Unis). Sa mission, avec six de ses congénères, trois semaines de confinement dans un cylindre de 8 mètres de diamètre, avec eau rationnée et couchette spartiate. Pourtant, en dépit de la douche prise en 30 secondes chrono qui l'attend, de la viande en boîte au goût de carton, des brocolis lyophilisés au menu, l'étudiante qui repart pour la seconde année consécutive, a « hâte » : « on est des cobaye, c'est le but » dit-elle, pressée d'étrenner ses habits de « commandant ». « On ne peut le devenir que si l'on est déjà parti avec un premier équipage. C'est la règle édictée par notre sponsor, la Mars society » explique, avec le plus grand sérieux, l'unique fille de l'équipage « 189 » en partance.

    Last sunrise on Mars! Going back home to Earth after a second 3-weeks simulation in the Utah’s desert! Incredible second...

    Posted by Victoria Da-Poian on Sunday, March 11, 2018

    Utah (Etats-Unis). Le groupe de Victoria, l’étudiante toulousaine va succéder à l’équipage 188. Ici deux de ses membres à l’assaut d’une colline pendant une mission quotidienne./The Mars society

    Les expériences de confinement se multiplient

    Est-ce la promesse de la Nasa d’envoyer des astronautes sur Mars vers 2030, ou bien le rêve fou du milliardaire Elon Musk d’y installer dès les décennies suivantes, des colonies de terriens ? Ce qui est certain, c’est que les expériences de confinement pour simuler «la vie sur Mars» se multiplient.

    Le 28 août 2016, à Hawaï, on a vu trois femmes et trois hommes, dont le Français Cyprien Verseux, s’extraire, le visage pâlot, la démarche hésitante, d’un petit dôme où ils étaient restés...365 jours durant. Plus récemment, le 1er décembre, quatre étudiants volontaires chinois fêtaient leur libération d’un laboratoire clos et scellé où ils avaient été tenus, isolés pendant 200jours : là, c’était pour faire « comme sur la Lune », sachant que notre satellite servira d’étape pour ... Mars.

    Dans le désert de l’Utah, des membres d’équipage procèdent à des relevés scientifiques./The Mars society

    A VOIR > EN IMAGES. Huit mois dans un dôme pour tester la vie sur Mars

    « Toutes ces simulations, ces tests consistant à faire pousser des légumes sans terre, à vivre équipé 24/24h de badges espions, à fabriquer de l’eau à partir de bactéries, c’est amusant, mais c’est tout de même un joyeux bazar » remarque, dubitatif, Alain Cirou, directeur de la revue Ciel et Espace. « Où est le protocole commun qui permettrait d’en comparer des résultats ? Qui collecte quoi et pour qui ? On cherche en vain un quelconque coordinateur » remarque le spécialiste.

    «Les agences spatiales s’intéressent à nous»

    S’agit-il pour autant de missions- gadget ? « Non, réplique Alain Cirou, car derrière ceux qui les organisent, on trouve des vrais passionnés : des universités ou des associations dont certains membres sont plus ou moins liés avec des agences spatiales. Leur démarche consistant à vouloir se rendre utile, tout comme celle des candidats qu’ils drainent, est sincère. Sauf que Mars reste du domaine du rêve. »

    Les stations de recherches sont situées dans des lieux présentant des similitudes géologiques, biologiques ou environnementales avec la Planète rouge, comme ici dans le désert de l’Utah./The Mars society

    Les agences spatiales ont-elles alors vraiment besoin des études de ces « indépendants » qui préfèrent exalter la beauté de l’aventure tout en taisant le petit enfer que peut devenir une vie à huis clos ? Victoria Da-Poian veut y croire : « Elles s’intéressent à nous. La mission autrichienne compte par exemple quelqu’un de l’Esa. Et l’an dernier, nous avons transmis à la Nasa un rapport sur les facteurs d’entente au sein de notre équipage ». Le facteur humain... Il sera décisif pour le succès des futurs missions habitées. Qui sait ? Victoria sera-t-elle alors l’élue pour ses talents d’apprentie martienne ?

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