Facs saturées : «Il y avait des étudiants jusque sur l’estrade»

Les jeunes bacheliers qui arrivent à trouver une place à l’université sont confrontés aux aléas de la fac : amphithéâtres bondés, matériel vétuste, manque d’encadrement. Une expérience qui peut vite décourager.

Crédit Photo : Le Parisien/Lejeune
Crédit Photo : Le Parisien/Lejeune

    «Heureusement que j’ai été prise ! Sinon, je ne sais pas ce que j’aurais fait !»

    Solène, élève de terminale ES, est soulagée. L'algorithme APB (Admission postbac) vient d'exaucer son voeu : entamer des études de psychologie. «Depuis toute petite, c'est mon rêve, je veux travailler dans l'humanitaire», explique cette lycéenne à la mine enfantine venue réviser à la bibliothèque de la fac Paris-Diderot (XIIIe). «Faut que ça rentre ! Pas le choix ! Il me le faut, ce bac», lâche l'élève, bien consciente d'être passée entre les gouttes avec son admission à Paris-Descartes : «Là où j'avais postulé, partout ailleurs, ils ne prennent que sur dossier. Le mien n'est pas terrible.»

    QUESTION DU JOUR. Faut-il instaurer une sélection à l’entrée de la fac ?

    «Psycho à Descartes ? J'en sors justement. Et c'était l'enfer», lance Emilie, petite brune pétillante : «En début d'année, on s'est retrouvés dans des amphis bondés sans fenêtres, en sous-sol avec la clim cassée. Il y avait des étudiants jusque sur l'estrade. Je ne parle pas des séances de travaux dirigés : un jour, j'ai dû piquer une table dans une autre salle pour pouvoir m'asseoir», raconte Emilie qui vient de jeter l'éponge. L'an prochain, elle partira dans une autre fac parisienne : «J'ai choisi la médiation culturelle à Censier. C'est une filière bien moins encombrée et beaucoup mieux encadrée. On sera par petits groupes. Au moins, on pourra accéder au prof», espère-t-elle.

    «Ce n'est pas la jungle»

    «C'est important de pouvoir discuter avec les enseignants, de confronter ses idées, sinon à quoi bon ?» acquiesce Marina, 19 ans, croisée en train de se détendre sur les pelouses de Diderot après ses partiels. Cette Franco-Espagnole a eu plus de chance qu'Emilie. Elle, «psycho», ça lui plaît ! Et «Diderot, à l'inverse d'autres facs, ce n'est pas la jungle : le site est neuf, tout marche, il y a même un double tableau coulissant dans les amphis, détaille au tac-au-tac Marina qui n'est pas hostile à une sélection à l'entrée de l'université. Quand on démarre l'année à 350 étudiants et qu'on la termine à 150, il y a quelque chose qui cloche. Parmi ceux qui décrochent, il y en a beaucoup qui étaient déjà des balles perdues au lycée.»

    Pour autant, Marina ne veut pas entendre parler de tirage au sort. «Cela revient à installer une machine qui taille aveuglément dans la masse, sans tenir compte des mérites et des envies de chacun... C'est totalement injuste», s'emporte-t-elle. Le moins pire des systèmes, «c'est encore la sélection sur dossier, avec lettre de motivation, cela permet de jauger ce que le candidat a dans le ventre.»

    Faut-il trier les candidats en fonction de leur bac S, ES, L, STMG ? Sandrine, étudiante en cinquième année de médecine, est pour : «Ceux qui n'ont pas un bac scientifique n'ont rien à faire en médecine !» tranche la jeune femme pressée et catégorique. «On les trompe, on leur fait perdre leur temps», insiste-t-elle, tout en se remémorant sa première année en Paces (Première année commune aux études de santé ). «On était tellement nombreux qu'on était obligés de se répartir dans des amphis parallèles où l'on suivait le cours du prof par vidéo-conférence. Heureusement, les cours étaient ensuite mis en ligne.» Comme beaucoup, elle a fini par bosser dans sa chambre, au calme, sur Internet.

    A deux pas, Xavier et Zoé, étudiants en master 1 de lettres modernes, n'ont jamais eu ce genre de souci : «Nous, on est 80 pour un amphi de 500 places. Si vous voulez une place en fac, y a qu'à faire lettres», chantonnent, avec humour, les deux compères.

    Aline Gérard

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