L'université Paris-Saclay enfin créée : qu'est-ce que cela va changer pour les étudiants ?

Paris-Saclay. 2 universités, 10 grandes écoles et 7 établissements de recherche sont réunis au sein de ce nouveau campus. Dominique Vernay veut en faire un leader dans le monde de l’enseignement supérieur.

Dominique Vernay, président de la Fondation de coopération scientifique
Dominique Vernay, président de la Fondation de coopération scientifique

    Paris-Saclay. 2 universités, 10 grandes écoles et 7 établissements de recherche sont réunis au sein de ce nouveau campus. Dominique Vernay veut en faire un leader dans le monde de l’enseignement supérieur.

    Il a un an de retard, mais le décret créant l’université Paris-Saclay, qui réunit deux universités, sept organismes de recherche et dix grandes écoles, est enfin paru. En plus du Premier ministre, pas moins de sept ministres et trois secrétaires d’Etat l’ont paraphé. Dominique Vernay, président de la Fondation de coopération scientifique (FCS), qui a mené à bien cette mission, répond à nos questions.

    L’université Paris-Saclay avait été annoncée pour le 1er janvier 2014. Pourquoi ce retard ?

    "Cette date avait été avancée en 2011-2012. En 2012, il y a eu une alternance et une modification de l’outil juridique pour créer Paris-Saclay. On a pris six mois dans la vue. Et puis, nous avons peut-être été trop optimistes sur les délais entre le moment où les statuts de l’université ont été convenus, dès janvier 2014, et le moment où l’Etat signerait. Le processus de validation a pris du temps. L’important, c’est que toutes les écoles doctorales et la nouvelle offre de masters est prête pour la rentrée 2015."

    Vous avez été nommé à la FCS en avril 2011. Quels sont les blocages que vous avez rencontrés ?

    "On partait d’une situation où tous les établissements étaient autonomes et indépendants. Et on leur disait qu’il allait falloir habiter dans une maison commune à dix-neuf ! C’était, et ça reste, gonflé. Car il ne s’agit pas d’établissements de catégories secondaires. Chacun avait sa vision de ce qu’il convenait de faire. Et le mot « université » écorchait les oreilles de certains. L’échec à l’Idex (NDLR : en mars 2011, le projet Paris-Saclay rate le label Initiatives d’excellence (Idex), destiné à recevoir les financements du grand emprunt. Label finalement décroché en février 2012) a été un détonateur. Le jury a noté que nous avions un problème de gouvernance. Nous nous sommes inspirés du modèle de Cambridge, qui fédère 31 collèges, afin de créer une marque commune visible à l’international, tout en maintenant des identités fortes."

    Quel est l’intérêt de créer cette nouvelle université ?

    "Nous sommes dans un siècle de compétition mondiale qui touche aussi l’enseignement. Il y a un marché global des bons étudiants. Ils sont courtisés, car c’est eux qui font la qualité du diplôme. La France est entrée tardivement dans cette compétition, imbue de ce qu’elle pensait être sa force. Notre paysage était très fragmenté entre universités, grandes écoles et organismes de recherche. Il fallait inventer une université où tout le monde travaille ensemble… sans faire semblant."

    Qu’est-ce que cela va changer pour les étudiants ?

    "Sur le parchemin et sur la carte d’étudiant, il sera écrit université Paris-Saclay. Sur le long terme, ça va surtout servir à ceux qui vont à l’international. A l’étranger, on vous demande d’où vous sortez ? D’une grande école ?

    Vous avez neuf chances sur dix de perdre votre interlocuteur. Un DRH ne saura pas vous situer. Notre système ne rentre pas dans les grilles des entreprises. Pendant longtemps, nous nous sommes réfugiés dans ce particularisme français. Ce n’est plus tenable. Quand on est seul à avoir raison, soit on est génial, soit on a tort. L’autre changement, ce sont les masters. Nous avions une liste très riche mais illisible. Nous avons simplifié avec des thématiques transverses qui collent aux grands sujets économiques, sociaux… Et nous avons établi des passerelles entre les établissements, ce qui permet plus de choix pour les étudiants. Nous avons décloisonné les formations."

    Paris-Saclay est appelé à devenir un pôle d’excellence mondial. Quels objectifs lui ont été fixés ?

    "La question des classements internationaux est importante. En faisant une simulation, l’université Paris-Saclay devrait être, au moment de sa constitution, classée 19 e ou 20 e au classement international de Shanghai… (NDLR : la meilleure université française, Pierre-et-Marie-Curie, est actuellement 35 e, Paris-Sud étant 42 e) à condition que tous les établissements qui la constituent acceptent de ne pas être classés individuellement. A plus long terme, l’objectif est d’être dans les dix premiers mondiaux et la première université d’Europe continentale. Nous avons toutes nos chances pour être leader."

    Quand sera désigné le président ?

    "Les élections auront lieu début mai. Le conseil d’administration comprendra dix représentants des établissements, deux personnalités qualifiées, deux élus, deux représentants du monde économique et social et dix élus parmi les chercheurs, étudiants, personnels. Gilles Bloch, directeur des sciences du vivant du CEA, est pressenti pour être président. Il a notamment contribué à créer l’Agence nationale de recherche et a travaillé dans des cabinets ministériels…"

    Chiffres clés de l'Université Paris-Saclay

    60 000 étudiants

    10 500 chercheurs et enseignants-chercheurs

    25 000 étudiants en master

    5 700 doctorants

    3 prix Nobel en physique

    6 médailles Fields (mathématiques)

    8 000 publications par an

    23 % d’étudiants et chercheurs étrangers

    Le quartier de l’Ecole polytechnique fait partie intégrante de la première université française

    Dix-neuf membres

    Deux universités :

    Paris-Sud, et Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

    Sept organismes de recherche :

    Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Institut des hautes études scientifiques (IHES), Institut national de la recherche agronomique (Inra), Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria), Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera), Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

    Dix établissements d’enseignement supérieur et de recherche : Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement Agro Paris Tech (APT) , Ecole centrale Paris (ECP) , Ecole des hautes études commerciales (HEC) , Ecole Polytechnique (X) , Ecole normale supérieure de Cachan (ENS Cachan) , Ecole nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA ParisTech) , Ecole supérieure d’électricité (Supélec) , Groupe des écoles nationales d’économie et statistique (Genes), Institut Mines Télécom (IMT) , Institut d’optique Graduate School (IOGS)) .

    Sébastien Morelli

    Article issu du Parisien du 2 janvier 2015

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