Les Pokémon à l’école, c’est parti !

Éducation. Avant même la rentrée scolaire, la chasse aux Pikachu, Carapuce, Salamèche et Roucool fait déjà rage sur les façades des écoles, collèges et lycées. Reportage.

On a déjà trouvé un pokemon dans le gymnase, témoigne le proviseur du lycée Paul Bert
On a déjà trouvé un pokemon dans le gymnase, témoigne le proviseur du lycée Paul Bert

    « C’EST PAS VRAI », soupire la directrice de l’école de la rue Marsoulan à Paris (XII e) en découvrant que sa façade est devenue un PokéStop, l’un de ces kiosques virtuels où se procurer des balles pour attraper des petites bestioles dans Pokémon Go.

    Succès de l’été, le jeu de la start-up californienne Niantic consiste à capturer avec son téléphone une galerie de 150 monstres dans la rue, les parcs, les musées, les hôpitaux et, bien sûr, les établissements scolaires. Qui sont même des lieux privilégiés de chasse. Une simple balade dans les rues de Paris et de sa banlieue suffit à s’en convaincre.

    La façade bariolée de l'école Zefirottes, à Montreuil (Seine-Saint-Denis) ? Un PokéStop. Idem pour la fresque colorée du collège Maurice-Ravel, à Paris (XII e), qui permet d'attraper trois Poké Balls. Tout près, voici Nosferapti, sorte de chauve-souris aux dents pointues. Et l'oiseau Roucool bat des ailes devant le collège Gambetta (XX e). L'entrée du lycée Hélène-Boucher (XX e) permet aussi de recharger les munitions. Quant à l'école élémentaire de la Plaine (XX e), elle accueille une arène où peuvent s'affronter les créatures.

    « Allez, hop, l'école de mon petit frère, c'est fait ! » se réjouit sur Twitter cet internaute, fier d'avoir attrapé une bestiole dans un établissement de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne). « Les Pokémon aiment les quartiers résidentiels, mais on peut les trouver également dans les universités et les écoles. Du coup, à vos cahiers ! » ironise le premier site de fans de Pokémon Go en France.

    Pas sûr que les chefs d'établissement, qui bannissent des cours l'usage des téléphones portables, goûtent la boutade. Si Pikachu et ses amis aiment tant les écoles, collèges et lycées, c'est que le jeu a été développé à partir d'Ingress, une application de chasse au trésor virtuelle qui utilise « des points d'intérêt relevés via Google Maps, auxquels se sont ajoutés d'autres sites pointés par des joueurs », explique le porte-parole de Niantic. Résultat : les établissements scolaires, qui sont de bons points de repère, abritent nombre d'arènes et de PokéStop, attirant au passage les petits monstres, eux-mêmes programmés pour se montrer de façon privilégiée autour de ces haltes. Et si le hasard de l'algorithme ne s'en charge pas lui-même, les élèves ont une solution pour chasser sous leurs cahiers : le jeu permet d'appâter les Pokémon en y déposant des « leurres ».

    Le proviseur du lycée Paul-Bert à Paris (XIVe) : « il faudra en débattre avec les élèves »

    « Il y a des Pokémon autour de nous. On en a déjà trouvé un dans le gymnase. » Philippe Pradel, proviseur parisien, vient de « prendre conscience de l'ampleur du phénomène » Pokémon Go. Pour l'instant, aucune demande de l'Education nationale pour rayer les établissements scolaires du monde des Pokémon n'est parvenue à l'éditeur du jeu, Niantic, inondé de courriers comminatoires de particuliers, de communes ou de lieux de mémoire. Philippe Pradel, qui dirige le lycée Paul-Bert à Paris (XIV e), a décidé qu'il faudra « débattre du sujet avec les élèves : les lycéens doivent comprendre qu'ils n'ont aucun intérêt à entrer dans une escalade qui nous forcerait à interdire strictement les portables, explique-t-il. En tout cas, si je me retrouve avec une arène virtuelle dans mon lycée, je demanderai sa suppression ». Au ministère de l'Education, on rappelle qu'il est « en principe » interdit aux élèves d'utiliser leur mobile en classe. Mais dehors et dans les couloirs, on pianote à chaque intercours. « Si Pokémon peut nous débarrasser de Periscope (NDLR : une application qui permet de filmer en direct), ce n'est peut-être pas mal », ironise Philippe Tournier, proviseur du lycée Victor-Duruy (VII e) et porte-parole du syndicat SNPDEN. Pas inquiet pour deux sous, lui a déjà rangé la mode Pokémon à côté de celles, oubliées, « des scoubidous et des Tamagotchis ».

    Christel Brigaudeau, Jila Varoquier

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