Rentrée universitaire : « Déjà perdue alors que la fac n’a pas encore commencé »

C’est leur première rentrée à la fac. Un moment plus angoissant qu’il n’y paraît pour ces étudiants, qui, comme Léna, découvrent un monde à l’opposé du lycée.

Léna étudiante en communication à La Sorbonne
Léna étudiante en communication à La Sorbonne

    Ce matin, Léna, 19 ans, fait sa rentrée. Et à quelques heures de l’échéance, cette toute nouvelle étudiante en communication est inquiète. « Rien n’est prêt, je ne sais même pas où se tiendra mon premier cours. Je n’ai pas encore commencé et je suis déjà larguée, perdue »;, confie cette Parisienne. Entre la mi-septembre et début octobre, ils sont 480 500 comme Léna, bac en poche, à découvrir le monde déconcertant de la fac et son organisation.

    « Mon emploi du temps n’est pas complet et je n’ai reçu aucune information à part un mail pour nous communiquer les dates des réunions de prérentrée. Sur Internet, on nous explique qu’il faut se renseigner sur place, et une fois là-bas nous sommes invités à chercher les informations sur Internet », lâche-t-elle, dépitée. Fini l’emploi du temps qui tombe tout cuit le jour de la rentrée. Il faut désormais le constituer soi-même sur Internet, sans rien oublier. Un stress pour beaucoup. « J’espère garder la tête hors de l’eau », souffle la jeune fille.

    Au centre universitaire de Clignancourt (Paris XVIII e), affilié à la Sorbonne, les étudiants qui ont repris depuis une semaine ne se sentent pas plus à l'aise. « Ça change vraiment du lycée. En amphi, je n'arrive pas à suivre et comprendre en même temps. Le rythme ne le permet pas. Le système scolaire était mieux pour ça », souligne la blonde Isaline, 19 ans, qui s'est lancée dans une licence de sociologie. Son amie Marianne, en langues étrangères appliquées anglais-espagnol, tient le même discours : « Heureusement que les cours magistraux sont repris en travaux dirigés (TD) parce qu'en amphi, si l'on ne comprend pas, il ne faut pas s'attendre à ce que le professeur s'arrête. » Une situation qui l'« oblige chaque soir à reprendre les cours ». Elle s'étonne « des rythmes assez surprenants. Il m'arrive d'avoir cours certains jours de 9 heures à 18 heures quasiment en continu. En revanche, j'ai un week-end de trois jours car je ne travaille pas le vendredi. »

    Malgré la foule, l'isolement est un autre écueil. « On croise rarement les mêmes personnes à cause de nos emplois du temps trop différents, sauf en TD », avoue Hasser, en langues étrangères appliquées anglais-arabe. « L'université brasse tellement d'étudiants que c'est quasi mission impossible de retrouver des gens que l'on connaît », regrette le jeune homme qui craint ne pas pouvoir s'appuyer sur ses pairs.

    Sabrina, qui entame, elle, sa deuxième année en histoire à Tolbiac, est soulagée d’avoir passé ce cap. Elle se souvient d’avoir été impressionnée par l’amphi de 700 places bondé et par l’immensité des trois bâtiments de 22 étages où il est si facile de s’égarer. Une époque pas si lointaine qu’elle s’est remémorée la semaine dernière en croisant des première année essoufflés dans le mauvais bâtiment parce qu’ils n’avaient pas trouvé leur salle de cours. Compatissante, elle a joué les GPS.

    Guillaume Genet

    TEMOIN

    « Il faut oser demander de l’aide »

    Alexandre Leroy, nouveau président de l’association étudiante Fage

    Élu samedi soir à la tête de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), Alexandre Leroy distille quelques conseils aux jeunes qui entrent à la fac. Son message : ne restez pas seul.

    Quelle attitude adopter lorsqu’on arrive sur les bancs de la fac ?

    ALEXANDRE LEROY. Lorsqu’on entre à l’université, on a parfois l’impression d’arriver à l’usine. Avec des amphis pleins à craquer et une sorte de barrière invisible entre l’étudiant et l’enseignant. Or, il ne faut jamais hésiter à aller lui parler directement. Certains étudiants s’enferment dans une vision individuelle dans laquelle demander de l’aide, c’est déjà échouer. Au contraire, il faut oser demander de l’aide.

    Comment ?

    En favorisant le travail collectif. Nous devons changer de modèle pédagogique. Quel est l’intérêt de remplir des amphis pour écouter un enseignant réciter son livre ? Mettre en avant le travail de groupe serait une bonne façon de lutter contre le décrochage. En attendant que cela soit vraiment mis en place dans le cursus, c’est une bonne idée de partager ses notes. Pour certains cours, inutile de tous aller en amphi, on peut partager ses notes et travailler ensemble.

    Est-ce que cela a une incidence sur le taux d’échec de 60 % à la fin de la première année ?

    Avec cette pédagogie de « gavage », cette année sert malheureusement d’écrémage pour voir ceux qui s’adaptent. Mais il faut faire attention à ce pourcentage qui nous fait bondir, bien qu’il soit en diminution. Il ne prend pas en compte les étudiants qui ont changé de filière en cours d’année, par exemple.

    Que doivent faire en premier lieu les étudiants ?

    D’abord s’informer sur les dispositifs et les services proposés sur le campus comme le bureau en charge de l’orientation ou les activités sportives. Les étudiants ne les connaissent pas. Se renseigner aussi sur ses droits. Lorsque l’étudiant est parent, salarié ou sportif, il peut bénéficier du régime spécial d’études par exemple et profiter de certains aménagements. Trop peu de jeunes le savent. Enfin, un peu partout, des associations étudiantes proposent du tutorat pour les première année. C’est un bon appui pour la rentrée, notamment sur la méthodologie. C’est ce qui change le plus lorsqu’on rentre à l’université.

    Christine Mateus.

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