Eglise Saint-Nizier

Les origines de l'église Saint-Nizier sont obscures et, sans que cette assertion puisse être confirmée par les données archéologiques ou les textes, le site passe pour avoir abrité, dès le IIe siècle, le plus ancien sanctuaire chrétien en Gaule. Les historiographes de l'Église lyonnaise en ont volontiers rapporté la légende : "[L'église Saint-Nizier], écrit ainsi André Clapasson en 1741, ne fut d'abord qu'un oratoire souterrain, dans lequel saint Pothin, premier évêque de cette ville, assemblait les fidèles pour y célébrer les saints mystères, et où l'on prétend qu'il consacra à l'honneur de la sainte Vierge le premier autel qui lui ait été dédié dans les Gaules]". De la même façon, on a souvent dit que, dans les premiers siècles, le lieu avait abrité les cendres des martyrs de 177 et, plus tard, le tombeau de saint Nizier (mort en 573). A l'époque carolingienne, une lettre de l'archevêque Leidrade évoque un collège de chanoines attaché à l'église. Au Moyen Âge, située au cœur du quartier bourgeois, au débouché du pont de pierre qui relie, depuis le XIe siècle, la presqu'île au quartier de la cathédrale, l'église Saint-Nizier symbolise la lutte des bourgeois pour conquérir, malgré l’archevêque et les chanoines de la cathédrale, le pouvoir municipal ; de fait, la paroisse a longtemps servi de lieu de ralliement des élites marchandes de la ville face au pouvoir ecclésiastique ; Pierre Valdès, inspirateur de l'hérésie vaudoise à la fin du XIIe siècle, était par exemple un bourgeois de Saint-Nizier. En 1303, l'archevêque Louis de Villars entreprend la construction d'une nouvelle église. Trois ans plus tard (1306), il fonde un chapitre de seize chanoines. Au XIVe siècle, lorsqu'ils s'organisent, donnant naissance à une commune, les douze consuls échevins, tout comme les maîtres de métiers, se rendent à Saint-Nizier pour les cérémonies publiques, tandis qu'ils tiennent séance juste en face, dans la chapelle Saint-Jacquême. Durant les XIVe et XVe siècles, construction de l'édifice actuel, mais les travaux, retardés par la guerre de Cent Ans, avancent lentement. En 1452, les chanoines de Saint-Nizier sont autorisés à extraire des pierres de Fourvière pour édifier la tour Nord. En 1481, démolition de l'ancien clocher. En 1502, le sanctuaire est voûté (le voûtement du reste de l'édifice se poursuivra durant tout le XVIe siècle). Durant le deuxième quart du XVIe siècle, début de la construction du portail Renaissance en demi-rotonde (longtemps attribué à Philibert Delorme, il est dû en réalité à Jean Vallet). L'analyse archéologique montre deux étapes de construction, interrompues par les guerres de Religion. L'édification du portail se termine en 1579.